Chupachups 1 _ Thibault Franc

1500,00 

Né en 1976 à Bordeaux près du Jardin Public, dans un quartier peuplé d’oiseaux,
de carpes, de vieillards et de jardiniers, Thibault Franc fait des études de philosophie qui le mèneront à cette mélancolie savante que seule une vie trépidante et l’humour peuvent parvenir à dissiper.
Plutôt que de se tourner vers l’enseignement, il expérimente d’autres modes de relation, d’autres formes de connaissance, à travers la botanique, les arts martiaux, les voyages en Afrique, l’atelier de plein pied sur la rue, à Bordeaux puis à Arles.
Tout en continuant un travail d’écriture, il développe des dispositifs plastiques complémentaires, qui sont autant d’appréhensions d’un monde fragmenté.
Par ses assemblages, images liées ou objets composites et décalés, il tente de renverser l’entropie, contenir les forces centrifuges.
Ce goût pour le détournement des mots, des formes et des objets ne s’exerce pas au hasard, mais à travers l’ancrage conscient dans un territoire,
autour de ses mythologies locales.
Avec ironie, Thibault Franc tente de saisir au vol, en quelques traits, cette énergie du fantasque et du trivial accouplés,
les instants choisis d’un monde à la fois ancien et nouveau.

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Description

Série Dazzling Life
Acrylique sur toile
sur chassis
100X 80
Thibault Franc

Je parlerai notamment des nuages de points qui se retrouvent régulièrement dans ces toiles, petites taches de couleur, larges comme un coup de brosse appuyé, mais plus proches d’un haricot bien cerné que d’une trace de pinceau. Ce motif était pour moi le lieu parfait de la rencontre entre surface et profondeur, comme une peau de lait bouilli formée par la coagulation des protéines, et comme surtout les cellules des couches profondes repoussées dans la mort vers la surface de notre peau, membrane indispensable, sensible et protectrice, abeilles vieillissantes sacrifiées à de nouvelles tâches.
Ces taches de couleur semblent flotter à la surface de la toile comme des lentilles d’eau à la surface d’un étang, marquant ainsi la limite entre deux mondes, et favorisant la perception de cette limite invisible, là où l’œil aurait tendance à se jeter trop rapidement en avant. Ces artefacts, pixels aberrants, travaillent donc contre l’illusion de l’image, en l’enrichissant. Premier calque ajouré, ils soulignent les silhouettes qu’ils masquent partiellement, tout en les débordant ça et là, comme des spores erratiques emportés par le vent. Ils sont des points à relier pour des yeux qui aiment à travailler, mais aussi des œufs contagieux, le germe d’une idée de la vie comme croissant sur les marges, les bordures, multipliant les lisières pour augmenter les surfaces d’échange. Une vie floue, où les corps abritent plus de bactéries que de cellules, où l’adn devrait se concevoir plus comme une multiplication d’identités entrant et sortant que comme la réduction d’un code enfin déchiffré.
La vie est un mouvement arbitrairement isolé par l’œil dans l’eau d’un torrent. Ici les taches de soleil dansent sur l’eau, les couleurs expriment différentes émotions, des points d’énergie comme des étincelles courant le long d’une prairie. Les mots, les œuvres, ne sont plus les vitres transparentes dénoncées par Sartre, mais un langage sale et présent, une salutaire acupuncture du regard, où la puissante vision interne de nos organes ne nous amène pas au fond, mais à travers, sans pouvoir accommoder, sans netteté ni flou définitif, sans le cancer des certitudes.

Informations complémentaires

Poids 3 kg
Dimensions 110 × 10 × 90 cm